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Jours 78-80: Ceux qui sont poussés par les vents jusqu’en Terre de Feu

Terre de Feu, Patagonie chilienne.

Jour 78: vendredi 18 janvier 2019

On avait mis le réveil assez tôt aujourd’hui pour ne pas se stresser, mais au final on a dû speeder ! Tout ça à cause de la douche à jets de massage ultra-moderne de la salle de bain : on ne comprenait pas comment elle fonctionnait, et on a dû attendre que Damaris soit levée pour lui demander. Il s’avère que le robinet était coincé… Ouf, on n’est pas totalement débiles 😉

Petit-déj’ en vitesse, on laisse les sacs en ‘consigne’ au salon pour libérer la chambre, puis on descend au centre-ville en bus. On arrive pile poil à l’heure d’ouverture de l’agence Recasur pour confirmer la location du van avant que quelqu’un d’autre ne le réclame ! Mumu arrive 2 minutes après nous. Tellement cool de la retrouver ici, littéralement au bout du monde !! 🙂

La dame de l’agence nous aide à installer le lit du campervan pour nous montrer comment ça fonctionne. Sauf qu’elle ne sait pas bien comment faire… Elle appelle son collègue en renfort ; celui-ci nous voit à 3 devant le van et fronce les sourcils : pas possible de louer le van à 3 personnes car il n’y a pas de ceinture de sécurité sur la ‘banquette’ arrière. La location est interdite, question d’assurance… On est comme des débiles à se demander quoi faire face à cet imprévu ; la nana ne sait plus où se mettre, elle ne connaissait pas cette règle ! 🙁

Changement de plan, on va donc louer une voiture assez grosse pour qu’au moins une personne puisse dormir dedans, les deux autres dormiront dans la tente… Il faut absolument qu’on loue un moyen de déplacement, car payer des nuits en auberge, plus les bus entre les destinations, plus les excursions hors de prix, ça ne va pas être possible ! Vu la situation, l’agence nous fait un prix sur une Renault Duster, et au final, même en ajoutant les frais de dépôt à Puerto Natales, on s’en sort pour un poil moins cher que le campervan. Tout est bien qui finit bien ! 🙂

Le temps de passer acheter une bonbonne de gaz dans le magasin outdoor à côté, à la maison de change pour renflouer le porte-monnaie qui prend assez cher depuis quelques jours, passer à l’auberge de Mumu pour payer sa nuit et récupérer son sac, puis à la nôtre récupérer nos sacs, et enfin au supermarché pour faire des grosses courses de nourriture, nous voilà fin prêts et sur la route à 12h30 !

Direction le nord de la péninsule de Punta Arenas, vers le ferry pour traverser le détroit de Magellan qui nous sépare de la Terre de Feu… Chris au volant, Mumu en copilote (il y aura en tout et pour tout un seul croisement), et moi à l’arrière. La route est assez monotone, tout est hyper plat et désert ! Il fait grand soleil mais le vent souffle fort…

Témoignage de la ‘légère brise’ qui souffle dans la région

On s’arrête pour faire monter 2 auto-stoppeurs, tout contents de faire un bout de route avec nous en direction du ferry. Deux Chiliens de Santiago, José et Fernanda. On est serrés comme des sardines à 5 personnes et 5 gros sacs, mais la conversation est très sympa ! 🙂

On arrive au petit ferry vers 15h… Embarquement, et traversée d’une vingtaine de minutes. José et Fernanda nous remercient et nous disent au revoir ; ils ont discuté avec un chauffeur de camion qui est d’accord de les amener plus loin dans la direction voulue ! De notre côté, après un arrêt pique-nique venteux au bord d’un enclos à moutons, on a décidé de longer la côte direction le petit village de Porvenir. On veut se rapprocher de la civilisation pour la fin d’après-midi afin de trouver un wifi. Mumu a en effet une postulation pour un job en Suisse à envoyer au plus vite, et moi j’ai un skype de la plus haute importance !

La route est belle, mais longue jusqu’à Porvenir… On y arrive vers 18h30, avec les fesses qui tremblent encore en sortant de la voiture, après 3 heures de route en gravier tassé !

Selfie international !

Porvenir est un petit village de pêcheurs qui a l’air assez mort à cette heure, mais on trouve un joli petit café dont le wifi fonctionne très bien. Je passe une bonne demi-heure sur skype ! Ce n’est pas pareil que d’être là en personne pour partager les dernières heures de célibat de l’une de ses meilleures amies qui se marie demain, mais c’est génial quand même de les voir et de partager un moment, ainsi qu’un selfie à des milliers de kilomètres ! 🙂

Même s’il fait encore très jour, le soleil baisse à l’horizon et on quitte le café vers 20h30, histoire de trouver un endroit adéquat pour monter le camp et préparer le souper avant qu’il fasse « nuit ». Le vent souffle toujours, mais a un peu faibli par rapport à cet après-midi !

On monte la tente en 5 minutes, dans un endroit abrité (du moins ça, c’est ce que l’on croit) par 2 buttes de terre et la voiture. Au menu ce soir, soupe de courge et couscous aux champignons. Pour un repas de camp au réchaud à gaz, on s’en sort pas mal !

Chris installe son lit sur la banquette arrière de la voiture, et Mumu et moi dans la tente. Comme on s’est les deux assoupies dans la voiture cet après-midi pendant que Chris conduisait, on n’est pas vraiment fatiguées ! Et surtout, on a du temps à rattraper, après plus d’un an et demi sans se voir… Je ne sais pas à quelle heure on a arrêté de blablater, mais il ne devait pas être loin d’une heure du mat’ ! 🙂

Jour 79: samedi 19 janvier 2019

Mon dieu… Quel vent, quelle tempête pendant la nuit !!!! Les piquets de la tente ploient jusqu’à toucher nos mollets, le toit claque dans tous les sens, la terre tourbillonne entre les 2 toiles… Je ne parviens quasiment pas à dormir jusqu’à 5h du matin, tellement c’est impressionnant. Je prie pour que les sardines tiennent et que la tente ne s’envole pas… Chris nous dira avoir dormi par intermittence également, se réveillant quand il sentait la voiture tanguer, pour vérifier que la tente était toujours là !

Quand on se réveille vers 9h, nos matelas, sacs de couchage, tout ce qui était dans la tente ainsi que nos visages, sont recouverts d’une fine couche de terre… La terre a tellement tourbillonné qu’elle s’est engouffrée entre la tente et le toit, et s’est faite tamiser par le toit en moustiquaire de la première toile. Sympa ! Heureusement, ce n’est pas mouillé, donc en secouant bien, ça s’enlève. On en a dans les yeux, les oreilles, les narines… 😉

Comme le ciel est couvert, la luminosité n’est pas trop forte et cela nous a permis de dormir quelques heures ce matin quand le vent a faibli, afin de rattraper le manque de sommeil de cette nuit tempétueuse. On démonte le camp, puis on prépare les flocons d’avoine aux fruits secs sur notre réchaud à gaz. Ouf, le vent est quasiment tombé, donc ça chauffe beaucoup plus vite !

Redépart sur la route, Chris toujours au volant. On longe la Bahia Inutil (quel nom !) pour descendre encore un poil plus au sud-est de la Terre de Feu. Au sud d’Onaisin, il y a une colonie permanente de manchots, la seule d’Amérique du Sud (les autres étant sur les petites îles au large de l’Antarctique) … On ne voudrait pas louper ça !

Une bonne heure et demi de route de gravier plus tard, on y est. On paie l’entrée au parc et on se dirige vers le premier observatoire, une cabane en bois juste en face des couples de manchots en période de couvaison, à une trentaine de mètres devant nous. Trop dingue de voir des manchots !!! 🙂 🙂 🙂

Ils sont magnifiques, avec leur gorge jaune et les parties oranges de leur tête… Certains sont en train de muer : on voit des grosses touffes de plumes de couleur et texture très différentes sur leur cou, le ventre ou le haut du dos. Ils sont immobiles dans le froid mordant, l’œuf entre les pattes, recouvert par la peau de leur ventre. Et dire que pour eux, c’est les tropiques ici !

Le 2ème observatoire, une cinquantaine de mètres plus loin, donne sur le reste de la colonie. Trois manchots ont l’air de narguer une oie et ses petits qui tentent de sortir de l’eau devant eux… Trois autres viennent barboter dans le ruisseau juste devant l’observatoire. Ils sont tellement maladroits sur terre, on ne peut pas s’empêcher de sourire en les voyant se dandiner !

On reste un bon moment à les observer à l’œil nu, et à travers les jumelles mises à disposition. On est trop heureux d’avoir vu ces beaux oiseaux au moins une fois dans notre vie ! 🙂

Avant de retourner sur la route, on profite des toilettes à l’entrée du parc pour faire la vaisselle. Quand on vit dans une voiture, faut profiter de chaque occasion… !

Cet après-midi, je conduis un moment. A la base, on voulait descendre encore plus au sud de la Terre de Feu, mais on a dû revoir nos plans, car on avait sous-estimé les distances… On remonte donc vers Cerro Sombrero et le ferry. Mumu nous prépare des sandwiches au fromage sur la banquette arrière, tandis que Chris pèle des carottes sur le siège passager. Repas sur la route !

On cherche un café pour recharger nos appareils à Cerro Sombrero, mais le village est vraiment mort ; même l’office du tourisme est fermé le week-end… Du coup, on s’arrête un moment au café juste avant l’embarquement sur le ferry.

Un café moyennement bon et 20 minutes de traversée en ferry plus tard, c’est Mumu qui prend le volant pour les 2 heures de route en direction de Puerto Natales. On n’atteindra pas la ville ce soir, mais on voudrait s’en approcher un maximum pour avoir peu de route demain…

On s’arrête vers 19h à proximité de la Laguna Blanca, le long d’une route secondaire. Petit moment de stress quand on réalise qu’on n’a plus qu’un tout petit peu d’essence avant d’entamer la réserve, et la prochaine pompe est à Puerto Natales, à 175km… On n’avait pas anticipé le fait que ça descendrait si rapidement, avec le vent de face à décorner les bœufs ! Bon, on prie pour en avoir quand même assez pour y arriver demain matin…

Ce soir, on ne monte pas la tente. Avec l’expérience de la nuit passée, on a décidé de tenter de dormir à 3 dans la voiture ! On s’installe comme on peut, et on prépare le souper sur notre réchaud : polenta, oignon et tomates. De la grande gastronomie encore une fois… 🙂

Pendant le souper (que l’on mange dans la voiture car il fait au moins -12°C), on a droit à un magnifique coucher de soleil. Le ciel est bien dégagé, ce qui annonce une nuit très fraîche…

 

On avance les sièges avant au maximum, et on arrive à les baisser à quasi 180°. Je suis à la place conducteur, ayant les plus petites jambes (espérons que je ne réveille pas tout le monde d’un coup de klaxon malencontreux pendant la nuit !), Chris sur le siège passager et Mumu en position fœtale sur la banquette arrière. On observe un moment la magnifique lune quasi pleine, on s’emmitoufle dans nos sacs de couchage et bonne nuit…

Jour 80: dimanche 20 janvier 2019

Tuuuut tuuuuut tuuuuuuut ! Mumu a ouvert la porte pour aller faire pipi dehors, et ça a déclenché l’alarme de la voiture. Au moins, c’est efficace comme réveil ! On a tous les pieds congelés ; le tableau de bord, les portières, tout est ultra froid !

Comme on ne va pas réussir à se rendormir (il est 6h et il fait grand jour), on décide de se déplacer à Puerto Natales. Croisons les doigts… Yes, grâce à la conduite hyper écologique de Chris et ses descentes au point mort, on arrive sans devoir pousser la voiture jusqu’à la pompe à essence à l’entrée de la ville. Hip hip hip hourra !

On prépare le petit déj’ sur la jetée face au lac, puis, notre avoine aux fruits secs avalé rapidement, on élit domicile dans le café juste de l’autre côté de la rue. Waaaaaah un endroit chaud, avec des canapés confortables, un wifi, du bon café, des toilettes et un robinet avec de l’eau chaude… Que demander de plus ? Ils sont même si gentils qu’ils nous laissent sans problème faire notre vaisselle à l’évier derrière le bar.

On y reste jusqu’à 12h30, le temps d’écrire dans le journal, de sauvegarder des photos, de mettre à jour les comptes, d’organiser les prochains jours… On passe ensuite au terminal de bus réserver nos billets pour notre prochaine destination côté argentin, avant que tous les bus soient pleins, puis on cherche un garage, car on a remarqué avoir crevé le pneu arrière droit. Décidément, les locations de voiture, ça ne nous réussit pas ! Le dimanche, le seul garage de la ville est malheureusement fermé… On s’arrête donc à la pompe à essence remettre de l’air dans le pneu, en espérant que cela tienne jusqu’à demain.

A 15h, on est installés dans la salle commune de l’Erratick’Rock ! C’est une auberge de jeunesse qui est connue pour son « 3 o’clock talk » sur le parc Torres del Paine. Une heure d’infos gratuites sur le parc par un guide, et le café est offert ! 🙂 Le guide nous parle des sentiers de trek, de la logistique pour les réservations des campements en dernière minute, de l’équipement à amener, quelques trucs et astuces par rapport à la nourriture, etc… C’est super utile et très bien présenté, on se marre bien !

On passe ensuite faire des courses pour les repas des prochains jours, puis on retourne à Erratick’Rock pour demander si on peut s’y doucher… Le meilleur moment de la journée, sous une bonne eau chaude… et même brûlante pour Chris !

Petits détours par le bancomat, puis à proximité du café de ce matin pour attraper leur wifi à travers la fenêtre (d’accord, on abuse) afin de réserver une auberge pour jeudi soir, quand on aura rendu la voiture.

C’est parti pour trouver un campement sauvage pour cette nuit… On ne peut pas rester en ville, donc on part trouver un endroit adéquat le long de la baie, au sud de la ville. Comme le vent est assez fort, on décide de réitérer l’expérience du dodo à 3 dans la voiture ! En plus cette fois on a suffisamment d’essence pour se permettre d’allumer le chauffage pendant la nuit si besoin… 😉

Grande trouvaille pour le repas de ce soir : 2 pneus ! Non pas pour les manger (on n’en est pas encore à ce point-là), mais pour protéger le réchaud du vent : empilés l’un sur l’autre, ils font un pare-vent idéal pour la flamme du brûleur, ce qui permet de chauffer notre souper beaucoup plus rapidement. Quick soupe aux nouilles, puis lentilles aux tomates. Miaaaaam… 😉

Chris et Mumu hyper fiers de leur trouvaille !

Moment lecture et écriture… Il faut prendre son courage à deux mains pour ressortir dans le froid se brosser les dents et aller aux toilettes ! Ce soir, Chris est sur le siège conducteur, Muriel en passager, et moi sur la banquette arrière. On switch pour faire varier les plaisirs ! 😉

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