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Jour 246: Ceux qui s’amusent en croisière (Partie 1)

Parc National de Komodo, Indonésie.

Jour 246: vendredi 5 juillet 2019

Driiiiing : il est 6h et c’est le jour du grand départ !

On ouvre les yeux après notre courte nuit, et on se prépare à l’extérieur de la chambre pour ne pas réveiller nos compagnons de dortoir trop tôt. Au final, ce n’était pas vraiment nécessaire, car toute la chambre se réveille de bonne heure : les gens ne restent pas à Labuan Bajo, et démarrent tôt, que ce soit pour partir en croisière, en excursion de plongée ou rejoindre l’aéroport !

On déjeune, on ferme nos sacs, et on retrouve Allison qui a dormi dans un autre dortoir. Départ à pied pour les bureaux de Wanua Adventures, où l’on a rendez-vous à 7h30 ! Le staff nous répartit dans les différents bateaux de la compagnie, et l’on se retrouve séparés d’Allison… 🙁 En fait, ils semblent avoir répartis les gens par nationalités : le bateau d’Allison est à 90% composé de Français, tandis que le nôtre contient une bonne dizaine de Néerlandais, quelques Anglais, et diverses nationalités des pays d’Europe de l’est. En tant que Suisses, on parle par défaut allemand, ce qui est probablement la raison pour laquelle on a été placés sur ce bateau : on est les seuls francophones au final, mais ça nous va très bien ! 😉

On nous amène au port, où l’on embarque sur le Halma Jaya, sur lequel on va vivre pendant les 3 prochains jours. « You are at home ! » nous dit l’équipage… 🙂 L’étage du bas contient quelques cabines privées pour ceux qui ont payé un peu plus cher. A l’avant, la « salle à manger », et à l’arrière les cuisines et les toilettes. Au 2ème étage, le pont avant est à découvert ; ce sera l’endroit bronzette, juste devant la cabine du capitaine ! 😉 Le pont arrière, quant à lui, est couvert : c’est le dortoir. Sur 30 passagers, on est une vingtaine à dormir là-haut. Chacun a son matelas, un petit oreiller et une couverture ; il y a même des casiers pour les valeurs qui doivent absolument éviter d’être mouillées. Tip top ! 🙂

Tout le monde est installé ; il est 8h30 lorsqu’on lève l’ancre ! C’est parti pour 3 jours d’aventures en mer et sur les îles paradisiaques entre Florès et Lombok…

On a droit à un micro-discours « sécurité » de notre guide Yeye, qui se résume à peu de choses près à : on a des canots et des gilets de sauvetage, les canots sont en haut, les gilets sont en bas. Voilà, maintenant tout le monde sait exactement quoi faire en cas d’urgence ! Aaaah les consignes de sécurité indonésiennes… 😉

On envahit le pont supérieur pour prendre le soleil alors que le bateau quitte le port de Labuan Bajo et met le cap sur l’île de Rinça, notre première étape de la journée… Deux bonnes heures de traversée pendant lesquelles on fait le tour du propriétaire et on se dore la pilule au soleil ! Finies les eaux jonchées de déchets de Bajo, bientôt on aperçoit de magnifiques patches d’eau turquoise et des plages de sable blanc au pied de petites îles-collines…

Vers 11h, le bateau jette l’ancre dans la baie de Rinça et on nous amène en barque vers le ponton. Voilà, on a posé le pied dans le parc national de Komodo, et on se réjouit de découvrir ses habitants plutôt singuliers…

On ne doit pas attendre longtemps : à peine le portique d’entrée passé, on tombe sur un bébé ! ça nous met dans le bain tout doucement, car celui-ci est tout fin et ne mesure que 60 centimètres, ce qui ne le rend pas forcément très imposant…

Les guides se rassemblent autour de nous avec pour armes ultra-puissantes des bâtons de bois fourchus (partons du principe qu’ils savent ce qu’ils font). On marche une dizaine de minutes pour se rassembler vers les cabanes des rangers… Le bateau d’Allison a également accosté, donc au total, on est une cinquantaine. C’est un peu la confusion, car les guides nous demandent de faire deux groupes, « bateau 1 » et « bateau 2 », mais personne ne sait si son bateau est le 1 ou le 2, et on n’a pas encore appris à se connaître suffisamment pour reconnaître ses partenaires de croisières ! Aaaaah les consignes de sécurité indonésiennes… 😉

La pagaille passée, on parvient à faire 2 groupes plus ou moins égaux, et on se répartit autour des cabanes. Ça y est, on a droit à nos premiers spécimens adultes, autrement plus impressionnants que le bébé aperçu à l’entrée…

…Helloooooo you…

WAOUH, nous voilà face à un dragon du Komodo, le plus grand lézard au monde, qui n’existe qu’ici, dans le parc national qui porte son nom !!!

Ces énormes varans peuvent mesurer jusqu’à 3 mètres de long, et ont une gueule peu engageante… N’empêche, avec leur nonchalance léthargique de gros lézard qui se réchauffe au soleil, c’est dur d’imaginer qu’ils peuvent courir à 20 km/h, et être extrêmement agressifs ! Bon, j’avoue, on ne fait pas les fiers quand un dragon avance dans notre direction de ses pattes courtaudes et sa queue puissante… Les gardes sont vigilants et ne s’éloignent jamais de nous, leur bâton bien en main !

Le dragon de Komodo est omnivore, et dévore des proies qui peuvent peser jusqu’à 100 kg comme des buffles ou des cerfs, également habitants de ces îles. Il poursuit souvent sa proie jusqu’à la mer, pour la forcer à nager jusqu’à l’épuisement, puis lui assène la morsure fatale d’un gros coup de mâchoire. On a longtemps pensé que la salive était porteuse de bactéries mortelles, mais apparemment, ce serait le venin de l’animal qui tuerait sa proie ! Quoi qu’il en soit, la substance en question met un certain temps à faire effet ; le dragon suit donc sa proie jusqu’à ce qu’elle meurt, ce qui peut prendre entre 3-4 jours et 2 semaines, suivant sa taille et sa nature… Étant un reptile, le Komodo a le sang froid, et n’a donc pas besoin de manger très fréquemment. Après une proie de la taille d’un buffle, il se retirera par exemple pendant un mois, le temps de digérer, avant d’éprouver à nouveau le besoin de se nourrir. Eh ben !! S’ils le peuvent, ils n’hésiteront pas à s’attaquer à un humain, d’où la consigne de rester groupés et de ne pas trop s’approcher, même pour obtenir la photo la plus incroyable à mettre sur Instagram. 😉

On est vraiment impressionnés par ces êtres uniques au monde, qui semblent issus d’un croisement entre un crocodile, un dinosaure et un dragon de conte de fées… La balade continue sous le couvert des arbres (heureusement, car la chaleur est puissante !), et on a la chance d’observer une bonne dizaine de dragons.

On est en plein dans la période de reproduction (mai – août), et on tombe justement sur un couple de dragons en pleine action ! Enfin, « action », c’est un bien grand mot : le mâle est littéralement vautré sur la femelle, et complètement immobile. C’est à se demander comment la femelle respire, on ne la voit même pas ! Et ça dure un moment : le couple reste comme ça pendant 4 heures. La première étape de l’accouplement passée, le mâle change de position… et de pénis !!! Si si, il en a deux ! Et c’est reparti pour 4 heures de plus… La femelle pond ensuite 15-20 œufs au mois de septembre, et les œufs éclosent entre février et mars. Comme pour d’autres reptiles, c’est la température d’incubation qui détermine le ratio de mâles et de femelles de la couvée : plus c’est chaud, plus il y aura de fœtus mâles, ce qui rend évidemment l’espèce extrêmement vulnérable aux conditions climatiques pour sa survie…

Soudain, les guident nous demandent de reculer de plusieurs mètres. Un autre mâle s’approche du couple, et il risque d’y avoir un combat… On n’y assistera finalement pas, car le nouvel arrivant est plus petit que le premier mâle, et hésite probablement à perturber l’accouplement.

En plus d’être omnivores, les dragons de Komodo sont également cannibales… Dès que les œufs éclosent, les petits doivent se dépêcher de fuir pour ne pas être bouffés par leurs propres parents !! Ils passent d’ailleurs leurs 3 premières années de vie dans les arbres à manger des insectes et des geckos, le temps d’acquérir une certaine taille qui leur permette de redescendre sur le sol sans trop de danger.

On est trop heureux d’avoir pu observer ces étranges et puissantes créatures. Cette vision toute droit sortie d’un monde fantastique était vraiment dingue !

On sort du couvert des arbres pour monter jusqu’à un point de vue qui surplombe la baie où l’on a accosté. Les grandes collines de Rinça sortent de l’océan qui se teintent de nuances turquoises par endroits… Trop beau. 🙂

On redescend, et on nous fait embarquer à nouveau à l’aide du petit bateau. Le capitaine lève l’ancre : c’est parti pour la prochaine étape ! Le dîner nous est servi alors que le bateau avance vers la destination suivante. Waouh, si on a de la nourriture comme ça pendant 3 jours, on va se régaler ! 🙂

Repus, on s’installe au soleil sur le pont supérieur ; on lit, on fait la sieste, on discute… Bientôt, on se rend compte que l’on fait du sur-place, et que le bruit du moteur a changé. Le deuxième bateau de Wanua Adventures a fait demi-tour et surgit à l’horizon pour venir nous lancer une corde que notre équipage fixe à la proue. Nous voilà remorqués ! Que se passe-t-il ?!? Il s’avère que le moteur avait pris l’eau, semble-t-il… Du moins, c’est ce que l’on a cru comprendre. Intéressant, la navigation de ces prochains jours s’annonce bien… ! Heureusement, après 2 bonnes heures, plus besoin de remorquage. Le moteur a repris vie et on salue l’équipage du second navire. 🙂

C’est reparti : à l’abordage de Pink Beach, l’une des plus belles plages de l’île de Komodo ! Le parc national n’est pas connu seulement pour abriter les plus grands varans du monde ; c’est également un paradis sous-marin peu égalé… L’un des plus beaux sites de plongée au monde, paraît-il, en toute objectivité !

Pas de plongée à la bouteille pour nous pendant cette croisière, mais de nombreux snorkelling sont au programme. On nous fait accoster sur Pink Beach, qui est effectivement teintée de rose en raison des éclats de coraux rouges qui se mélangent au sable blanc de cette plage paradisiaque. Ajoutez à cela un récif corallien absolument dingue et de l’eau turquoise ; ça donne un bel aperçu de l’endroit où l’on a atterri ! 🙂

Masque et tuba en place, on plonge à nouveau les yeux sur le merveilleux monde sous-marin…

Des coraux de toutes les formes possibles et imaginables, des poissons multicolores en veux-tu en voilà, et même… une seiche, qui change de couleur sous nos yeux ébahis !!! Merci Allison pour la découverte !! Trop dingue… On ne se lassera jamais de ces merveilles aquatiques : c’est harmonieux, tellement beau !

On barbote un bon moment puis on sèche sur cette belle plage, avant que les barques ne reviennent nous chercher… Cap sur le ponton de l’île de Komodo, notre dernière étape de la journée. Etant donné le retard occasionné par le problème de moteur, le soleil est déjà bien bas à l’horizon, surtout vu la hauteur des collines de l’île.

Le paysage prend une couleur rosée alors que l’on entame la petite balade accompagnés de guides aux bâtons fourchus pour tenter d’apercevoir d’autres dragons. Ils sont moins fréquents ici que sur l’île de Rinça, malgré le fait que ce soit celle-ci qui porte le nom du parc national. Il y a d’ailleurs des rumeurs comme quoi cette île va bientôt fermer au public, ou que le prix du ticket d’entrée pour le parc national va atteindre 500 US$… Si cela est dans un but de préservation de la faune, c’est bien ; mais vu les hôtels de luxe en construction à Labuan Bajo, on a du mal à croire que la conservation prime sur l’aspect business… A voir à quoi ressemblera l’endroit dans quelques années !

Pour notre part, on aura la chance de voir deux dragons pendant ce tour. Le premier, passablement léthargique, est couché dans les fourrés, tandis que le deuxième, bien réveillé, marche sur la plage en agitant sa langue fourchue alors qu’on se regroupe sur le ponton pour embarquer à nouveau sur les navires. Impressionnants…

Il fait presque nuit lorsqu’on lève l’ancre. Pendant que le bateau traverse la baie afin d’atteindre l’endroit voulu pour la nuit, on nous sert le souper, une nouvelle fois excellent. L’organisation et la communication du programme n’est peut-être pas le point fort de cette compagnie, mais au niveau du service, de la qualité du bateau et de la croisière, on est sacrément bien lotis ! 🙂

Les moteurs s’arrêtent et l’équipage jette l’ancre ; on a atteint l’endroit abrité où l’on passera la nuit. On débouche quelques bouteilles de bière et on se pose sur le pont avant pour observer la nuit étoilée… On a même la chance d’apercevoir à plusieurs reprises un poulpe rouge d’un bon mètre passer à gauche et à droite du bateau en chassant les bancs de poissons qui miroitent à la surface !!

On discute un bon moment avec Andrey, un Américain, et Mare, une Suédoise d’origine Perse, avant d’aller se coucher… Bercés par le roulis des petites vagues, on ne tarde pas à s’endormir comme des gros bébés alors qu’il est juste passé 21h !

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